Sachant que les passions pour la moto sont aussi variées que partisanes, j'espère ne froisser personne en écrivant ce qui suit.
Autrefois la petite cylindrée pouvait faire de vous un « véritable motard », vous savez, cette espèce en voie de disparition qui bossait dur à l'usine pour s'offrir la bécane de ses rêves, ces mêmes qui considéraient que d'avoir une 750 c'était déjà de la frime. De vilains jaloux, voilà tout.
Ils savaient néanmoins ce que voulait dire un signe de la main à un autre motard, persuadés qu'on ne les laisserait pas sur le bord de la route avec un pneu crevé par exemple. Ils passaient la matinée à briquer et à graisser leur machine, de même que, règle absolue, on ne la trafiquait jamais, parce qu'on ne roule pas avec un tas de merde. Cuir noir rimait avec humilité et discrétion, faisant de la moto un rituel de bonne conduite. Ils sentaient parfois l'essence et le chien mouillé, roulaient à 80km/h dans un mélange de grâce, de mystère et d’enchantement...
En ce qui me concerne, avec mon humble mono, j'espère simplement entretenir cette vision bien particulière de la pratique de la moto (il en existe tant d'autres), une tradition qui m'est chère, on dira. En fait, quelle que soit la cylindrée, certains s'y reconnaîtront, d'autres pas...
Il n’empêche, désormais les motards sur mastodontes qui font « roooo » sont légions, sentent bon le gel douche et les dollars à 200 à l'heure dans des combinaisons aux couleurs chatoyantes. Souvent il m'arrive de penser que les choses ont bien changé.