Sur les traces de Victor

[…]La route court à travers les plus beaux paysages du monde. Les collines et les vallées s'enflent et s'abaissent en ondulations magnifiques. Sur les hauteurs on a des spectacles immenses. A perte de vue des étages de champs et des prés cousus les uns aux autres ; de grandes plaines rousses, de grandes plaines vertes, des clochers, des villages, des bois qui présentent de cent façons leurs grands trapèzes sombres, et toujours, tout au fond, à l'occident, un bel écartement de collines que la mer emplit comme un vase. La route descend, tout change, on est dans le petit, dans le limité, dans le charmant ; trois arbres vous bornent l'horizon. Ou bien, c'est une ferme avec son tas de fumier et sa charrette aux quatre roues boueuses et rouillées ; ou bien un cimetière plein de ciguë en fleur, dont le vieux mur fait ventre sur la route. On est sous une allée basse de gros pommiers dont les branches égratignent joyeusement la voiture ; on passe près d'une haie d'où sortent comme des doigts crochus ces racines qui empoignent si bien la terre et qu'Albert Dürer aimait tant. On remonte, et l'on retrouve le ciel, la terre, la mer, l'infini. […].
Victor Hugo 1837
Ha! Le brave Homme, comme il disait vrai.

La raison

C’est parfois avec nostalgie que je repense à ma première moto, une 250RD (ci-contre sa soeur jumelle 400). Elle mérite bien un petit article. Encore une 250 me direz-vous, et je devine déjà le sourire moqueur des amateurs de « 100ch sinon rien ». Je ne serais pas honnête si je vous disais que je n'ai pas pris moi aussi beaucoup de plaisir à rouler ou à essayer de très gros cubes. Ce sont effectivement des machines fabuleuses. Alors des bijoux de technologie, pourquoi pas? Mais j'ai l'impression qu'on nous a forcé un peu la main en ne proposant et en ne jurant que par des engins plutôt sportifs. Moi je pense que face aux monstres difformes et de puissance inutile, la moto ça doit rester « humain ». Et pourtant, la majorité des jeunes motards ne veulent que des grosses bécanes. Parcourez les forums de discussion et vous verrez que les stéréotypes en la matière sont tenaces et soigneusement entretenus. Avec une gamme qui commence à 600cm3, la presse spécialisée qui ne tarit pas d'éloges sur la vitesse, et des concessionnaires pour lesquels miroitent des forfaits d’entretien exorbitants, je comprends mieux pourquoi les choses sont ainsi. Dommage pour les jeunes souvent et hélas un peu fauchés...